L’actuelle crise de l’eau que connaît la ville de Bechar et ses communes environnantes à quelques mois de la période des grandes chaleurs caniculaires est sans précèdent, et peut devenir un vrai problème de sécurité publique, et une plaie du mal-vivre cristallisant les mécontentements et les revendications non satisfaites. Pour beaucoup de personnes, gardant toujours à l’esprit le problème des coupures d’électricité à répétition en pleine période estivale en 2003, qui avait conduit une partie des habitants aux émeutes, et la révolte, dont beaucoup de Becharis conservent des souvenirs douloureux, refusent d’arriver une fois de plus à cette même situation, et tirent la sonnette d’alarme, dès maintenant. C’est du moins ce que de nombreuses personnes chuchotent dans la rue et dans les lieux publics, où les langues se délient, et tout se dit et rien ne se cache. En effet, aujourd’hui, cette crise de l’eau secoue les principales communes et daïras de cette wilaya, dont la population commence à souffrir et coure même des risques sanitaires avérés. Nul ne peut se passer de cette ressource vitale; période d’été caniculaire ou pas. Et comme il n’y avait pas eu de pluie cette année à travers toute la région du sud-ouest, l’unique barrage Djorf-Torba, qui alimente le chef lieu de wilaya et les communes avoisinantes s’est vidé. Celui-ci semble avoir atteint son niveau d’alerte, et le pompage pour l’alimentation en eau potable connaît une diminution sensible. Tandis que la distribution pour l’irrigation d’une partie de la pleine d’Abadla, s’était carrément stoppée. Apprend-on auprès du service gestionnaire du précieux liquide de la DIE. Selon certains élus de l’APC de Kenadsa, située à 18Km du chef lieu de wilaya, la population de cette municipalité, qui a commencé à avoir soif est ravitaillée actuellement à partir de deux forages de réserves. Celle-ci est tenue de se mobiliser pour protéger ces précieux puits, de la collectivité mis à son service, et de condamner avec la dernière énergie les atteintes portées au réseau de distribution d’eau à travers cette commune qui connaît d’intenses travaux de canalisation au réseau de gaz de ville, et où des erreurs de cassure des collecteurs d’AEP sont courants. D’autant que ces actes d’inattention contreviennent à toutes nos traditions. Porter la main sur les installations de l’entreprise de gestion des eaux est non seulement contre productif, mais nettement criminel, ont relevé nos interlocuteurs. Il est étonnant que des élus interviennent à chaque fois sur les ondes de la Radio locale sur ce problème de l’eau et ne condamnent pas fermement ces sabotages et imputent sans ambiguïté la responsabilité à l’entreprise de gestion des eaux qui n’aurait pas construit convenablement les branchements au réseau domestique, et un barrage de stockage. Il est vrai que des problèmes de gestion existent au niveau de cette entreprise et que des investissements sont nécessaires, notamment pour amener l’eau potable dans les nouveaux lotissements et zones oubliées, mais le citoyen doit veiller aussi à ce que la tuyauterie du réseau ne soit pas détériorée volontairement. Ainsi, la visite attendue à Bechar au courant de cette semaine, du premier responsable national de l’hydraulique, confirme l’existence bel et bien de cette crise d’eau dans cette wilaya, qui commence à montrer de sérieux signaux. Le ministre de l’hydraulique et des ressources en eau, qui sera l’hôte de la capitale de la Saoura, s’enquerra sur place de la situation, et prendra les mesures qui s’imposent dans de tels cas. Selon des observateurs de la scène locale, nos responsables devraient définir une politique nationale de l’eau et pointer clairement les priorités en la matière. Une gestion durable de l’eau est un élément critique tant sur le plan de la production des aliments que sur celui de l’économie ou de l’écologie, voire de la sécurité nationale. Cette politique devrait notamment énoncer des règles pour le contrôle des pompages souterrains comme elle doit aussi contrôler la consommation pour cette wilaya, dont la consommation à augmenter de quelque 15%, pour l’amélioration de l’efficacité de l’irrigation, pour la réduction de la pollution des eaux et elle doit encourager financièrement tous les projets tendant à économiser la ressource en accordant une attention particulière aux fuites. Il faut rappeler ici que l’irrigation mal gérée, l’urbanisation cohérente et une relative amélioration du niveau de vie de certains de nos concitoyens ont conduit à une réduction sérieuse du niveau d’eau du barrage alimentant cette wilaya. C’est ainsi que des données essentielles sur les précipitations, les eaux souterraines, la pollution, les usages sectoriels de la ressource, les avancées de la recherche…etc. ne sont pas partagées et ne sont souvent pas disponibles pour le public. En vue de la définition d’une politique qui tient la route, les barrières bureaucratiques doivent être abattues. Cette politique doit tenir compte et anticiper les effets des changements climatiques sur la disponibilité de la ressource.
Source: Fendaoui Hadj, Reflexion.