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Grande vallée façonnée par l’Oued portant le même nom, la Saoura est l’une des régions les plus attrayantes du sud algérien. Elle est limitée au Nord par les Monts des Ksour et le Haut Atlas marocain, à l’ouest par la Hamada du Draa, à l’est par les oasis du Tidikelt et au sud par le plateau du Tanezrouft. Un décor fait de paysages lunaires de la Hamada du Guir contrastés à l’autre rive par les splendides dunes dorées du grand Erg Occidental. Entre ces deux ensembles féeriques s’incrustent, tels les joyaux d’un collier, palmeraies et ksour le long du lit des Oueds.

 

  

 

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13 août 2007 1 13 /08 /août /2007 20:06

La ville de Béchar vit actuellement sous la frénésie d'une grande métamorphose infrastructurelle. Elle fait en quelque sorte peau neuve par une vaste opération de toilettage. Du moins en ce qui concerne le centre de la ville, dans ses aires réservées à la circulation automobile et piétonne.

Ainsi, les trottoirs et leurs bordures sont-ils pris d'assaut par une ruche de terrassiers et de maçons qui s'échinent à arracher les vieilles bordures et les anciens revêtements pour les remplacer par des matériaux nouveaux et ce, au grand plaisir des citoyens de cette cité, heureux d'avoir enfin (à défaut d'autres choses) des trottoirs neufs et par voie de conséquence propres : pour combien de temps ? Effectivement, il ne fait aucun doute que la propreté et l'hygiène sont avant tout des faits culturels, autrement dit, des faits de civilisation avant d'être des actes matériels.

UNE REFECTION FRENETIQUE

D'aucuns se demandent : «pourquoi tant de travaux «maintenant et tout de suite», qui touchent pratiquement tout le centre de la ville et même certaines parties de sa périphérie, perturbant la circulation et créant une tension avérée sur les matériaux de construction basiques : sable, gravier, ciment, eau etc. ?». Il est vrai que d'autres villes subissent le même rush mais pas dans ces proportions. Cela ressemble à une course contre la montre, comme s'il fallait consommer les crédits à tout prix et avant une certaine échéance qui serait fatidique.

 Ces travaux, quoique bienvenus, gênent la circulation aussi bien automobile que l'usage des trottoirs. Ainsi, piétons, cyclistes, motocyclistes et automobilistes se disputent le seul espace laissé libre par les travaux à savoir : le bitume. La circulation est quasi-dangereuse, anarchique par endroits, voire pénible aux heures de pointes, aggravée par la poussière et la chaleur caniculaire. Les travaux étant réalisés en même temps sur les trottoirs de gauche comme sur ceux de droite, les usagers de la circulation sont obligés de contourner amas de gravier, tas de sable, piles de carrelage, réservoirs d'eau, madriers, brouettes etc. Bref, un véritable branle-bas de combat généralisé et insolite. On peut déplorer que ces travaux, qui, quand ils sont signalés le sont très sommairement, ce qui les rend périlleux surtout pour la circulation de nuit.

 Cependant, il est néanmoins nécessaire d'ajouter une précision de taille : les gens ne se plaignent que rarement des désagréments que leur causent de telles activités, dès lors qu'ils savent qu'ils auront des trottoirs salubres à la clé.

 Qui, en effet, irait crier «que la mariée est trop belle ?».

 Peut être quelques dames ou demoiselles qui perdent de temps à autre un talon de leur chaussure mais qui tiennent obstinément (par étourderie sommes-nous tentés de dire), à porter des talons aiguilles dans un espace aussi chahuté. Néanmoins, les incidents de ce genre peuvent prendre des dimensions plus dramatiques. Ainsi, il est rapporté qu'une dame s'est cassée dernièrement un bras, lors d'une chute sur un lieu public où l'on refaisait le carrelage : son talon s'étant malencontreusement enfoncé dans un vide entre deux carreaux. Aussi, pour éviter ce genre d'incidents fâcheux (qui peuvent être graves, voire mortels), des rubans phosphorescents et barrières de protection devraient limiter de façon rigoureuse les aires de travaux (les matériaux et matériels utilisés étant confinés dans les aires ainsi délimitées).

UN LIFTING AMBULATOIRE QUI LAISSE PERPLEXE

Le toilettage de la ville semble tenir à coeur à l'actuel wali de Béchar. Et il en était que grand temps car cette ville était l'une des plus salles du pays. Dernièrement, ce haut fonctionnaire de l'Etat a donné d'amples détails sur les programmes en cours de réalisation ou envisagés. Ceci, lors d'une émission radiodiffusée en boucle par la radio locale. Il est en effet rare qu'un responsable d'un aussi haut niveau de la wilaya «rend compte» directement à ses administrés de ses actions et activités dans le détail. Il est peut-être intéressant de souligner qu'il s'agit du wali installé tout de suite après les émeutes de 2005, lesquelles émeutes on s'en souvient, avaient défrayé la chronique par l'intensité de leurs violences, laissant des empreintes sociétales dont certaines ne sont pas tout à fait effacées. Il est en effet judicieux de panser les plaies non encore tout à fait fermées et d'embaumer les cicatrices rémanentes. Des «délestages» de Sonelgaz, (une litote pour dire «coupures» drastiques du courant électrique) avaient mis le feu aux poudres. Ces coupures répétées en pleine canicule, avaient ému la population de Béchar et provoqué un véritable «traumatisme» au sein de la population directement concernée, celle de Béchar-Djédid d'où étaient parties les premières émeutes. Actuellement les coupures de courant ne sont pas rares, mais le scénario de 2005 et sa crainte demeurent toujours dans les consciences.

 Pour revenir au lifting ambulatoire et ambiant en cours au chef-lieu de wilaya, il est à espérer qu'il ne s'agisse pas d'un simple cautère sur une jambe de bois et que ces actions opportunes s'inscrivent dans la pérennité. Il faut reconnaître que des améliorations sont patentes quoique encore fort insuffisantes. La ville est certainement moins «crado» qu'elle ne l'était il y a très peu de temps. On voit moins d'immondices joncher les espaces (supposés verts) dans certains quartiers. Malgré les travaux en cours, les ordures ménagères semblent être levées régulièrement. Des trémies à ordures à l'instar de celle de Haï Riadhi construite en dur, devraient être multipliées : il s'agit apparemment d'une «bonne trouvaille» qui reste à améliorer. Il y a aussi moins d'égouts, qui déversent leurs eaux fétides et excrémentielles sur la chaussée comme auparavant et l'on peut observer l'apparition de temps à autre, de nouveaux engins mécaniques pour les besoins de la cause. Par exemple (fait nouveau) on peut tomber nez à nez avec un «camion suceur» flambant neuf, la «trompe» dans une bouche d'égout essayant de venir à bout de quelque occlusion rebelle dont souffrent couramment les vieilles conduites de la ville. Une sorte de «bouche à bouche» spéciale pour égout occlusé. Des éboueurs en gilets luminescents, mieux équipés, se démènent pour maintenir les rues moins salles.

 Quant aux sachets plastiques, que charrie le moindre zéphyr, noirs dans un passé récent, ils sont devenus multicolores aujourd'hui mais toujours présents en quantité incommensurable, envahissante. Malgré la peur «médiatique» du sachet noir celui-ci n'a pas pour autant disparu de l'usage courant dans le commerce de l'alimentation générale. Si vous faites la remarque sur le danger qu'il représente pour la santé du citoyen à votre marchand de légumes qui l'utilise d'autorité pour vous servir, il pourra vous rire au nez et c'est tout juste si vous ne passez pour un taré congénital «de croire à de pareilles sornettes». Néanmoins, pour le cas des sachets plastiques, il s'agirait comme qui dirait d'un épiphénomène de portée nationale dont on ne peut tenir rigueur qu'aux seuls responsables locaux.

UN OUED SOURCE DE BEAUCOUP DE MAUX

L'oued de Béchar, cette césure béante et souvent putride qui coupe la ville en deux et qui était autrefois sa source de vie, son poumon générateur d'oxygène, voire sa raison d'être, est devenu aujourd'hui son cauchemar. Là où jadis coulait une onde pure, féconde, arrosant sur son passage une palmeraie prospère aux ombrages idylliques, coule aujourd'hui une eau grise, tantôt verdâtre ou sombre, nauséeuse dans tous les cas de figure. Cette eau miasmatique, charrie toutes sortes de détritus et de déchets ménagers, et ce, malgré des efforts notoires de ces dernières années, pour détourner les déversements d'égouts dans ce cours d'eau. Les moustiques sont légions et des maladies graves liées au développement de cet insecte, telle la leishmaniose, ont fait leur apparition.

 Le récent gabionnage en banquettes des berges de cet oued leur donne un aspect moins hostile, alors qu'il n'y a pas longtemps, elles relevaient presque du domaine de la déshérence. C'était une décharge publique à ciel ouvert, où tout un chacun et en particulier les riverains, pouvaient déverser n'importe quoi, comptant sur les crues de l'oued pour «nettoyer» ou pour emmener au loin les déchets dont ils se sont débarrassés sans vergogne et sans autre forme de procès. Cet espace fut et est encore, un no man's où marginaux et autres «rebuts» de la société se réfugient pour une paix bien précaire. Dans un passé qui n'est pas si lointain, ces endroits aujourd'hui poussiéreux et salles, étaient recouverts de jardins «heureux» pourrait-on dire. Ils constituaient des lieux de villégiature. Les propriétaires des jardins pouvaient y passer des journées entières avec femmes et enfants. Aux voisinages, on pouvait y pique-niquer. On s'y baignait et même qu'on s'y promenait en barque (cf. «Béchar entre maux et malaises» par Abdallah AZIZI, le Q.O. des 5, 7 et 8 mai 2005).

DES DIGUES A LA MANIERE DES CASTORS NORD-AMERICAINS

Pourquoi serait-il si difficile de réaménager ces berges en espaces verts de nouveau ? Faut-il croire que les «anciens» avaient plus d'imagination que nos «hydrauliciens» d'aujourd'hui ? Lesquels en auraient moins que les castors nord-américains ? En effet, auparavant les jardins étaient arrosés par un système d'irrigation très simple qui consistait à ériger en amont de chaque groupe de jardins, des digues qui retenaient l'eau. A partir de ces bassins ainsi constitués artificiellement, l'arrosage des jardins en aval se faisait par un réseau de rigoles où l'eau coulait par gravitation sur les deux rives de l'oued. Il n'y avait ni pompe ni rien. En plus, les jardins bénéficiaient du limon charrié par les crues cycliques qui enrichissaient ainsi la terre cultivée de façon perpétuelle. Il est vrai que lors des grandes crues ces digues en terre étaient emportées partiellement ou entièrement selon la puissance de la crue. Mais elles étaient aussitôt reconstruites. Pourtant, avec les moyens modernes, ne peut-on pas réaliser des digues et des retenues d'eau beaucoup plus efficientes, mieux élaborées et donc plus rentables ? Redonner vie à une palmeraie qui inspira au début du siècle dernier à Mohamed Ould Cheikh AGHA, le premier roman algérien d'expression francophone : «Miryem dans les palmes». Et n'est-ce pas cette félicité oasienne qui inspira aussi, à Isabelle EBERHARDT son unique «chef-d'oeuvre» : «Dans l'ombre chaude de l'Islam» ?

 Par ailleurs, ces retenues d'eau avaient des effets secondaires fort bénéfiques sur l'environnement : non seulement elles engendraient un microclimat humide favorable aux cultures et aux hommes, mais aussi permettaient la reconstitution des nappes phréatiques et par voie de conséquence, les niveaux des puits environnants. Ainsi, elles participaient au développement des jardins non concernés directement par les crues de l'oued. Enfin, cet oued, au lieu d'être une source de problèmes, ne peut-il pas être transformé en source de richesse ? En attendant la réalisation de ce voeu pieux, notre oued continue toujours à charrier ses eaux boueuses au loin, et à répandre inutilement ces sédiments alluvionnaires le long de son lit. Une partie de cette eau aboutit à Daïet Ettiour, un site écologique vital unique en son genre pour la région, un site qui demande aussi à être connu et protégé par les pouvoirs publics. Nous envisageons de faire connaître ce fameux site, sa situation géographique, sa faune et sa flore, dans un article à venir afin de sensibiliser tout le monde sur la nécessité de sa protection.


Source : A. Azizi, Le Quotidien d'Oran.
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