La chute drastique des recettes tirées des hydrocarbures semble avoir finalement réveillé de leur torpeur les présidents des chambres régionales de commerce et d’industrie des dix régions du sud du pays qui se sont rencontrés pour débattre de la problématique de la cohésion et coordination nécessaires entre opérateurs et dégager en même temps les voies et moyens pour diversifier une économie tournée exclusivement jusqu’ici vers l’exportation des hydrocarbures.
Le président de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie, le PDG de la BADR, les autorités locales, les représentants du secteur agricole, des financiers et opérateurs économiques de différentes branches d’activité implantées dans les régions du Sud ont pris part à cette rencontre.
Mohamed Laïd Benamor, président de la chambre algérienne de commerce et d’industrie, a esquissé un tableau sur l’état des lieux de l’économie du pays, de la baisse des recettes des hydrocarbures et d’une manière générale des tares qui caractérisent l’appareil productif qui arrive à peine à produire des exportations annuelles hors hydrocarbures (pour 2013) pour une valeur ne dépassant guère les 29,9 millions de dollars ! Un montant jugé très modeste, qui illustre parfaitement toute la fragilité de l’économie du pays extrêmement dépendante d’une seule matière première.
Prenant la parole, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Biskra qui a conduit une délégation de professionnels algériens au salon d’une exposition des dattes à Djakarta (Indonésie) a pris l’initiative d’explorer les marchés asiatiques potentiels (Indonésie, Malaisie et Inde) qui compte un immense marché de consommateurs avec une offre de 150 variétés de dattes algériennes.
«Ce sont les dattes succulentes de la wilaya d’Adrar qui ont eu le mérite d’être classées les premières», a-t-il indiqué à la surprise générale. Un premier contrat d’exportation vers le premier pays d’accueil asiatique a été signé avec l’Indonésie. Au cours de son exposé, le même orateur a souligné que le marché des exportations n’est pas aussi simple qu’on l’imagine, et il a mis en garde les professionnels algériens sur les nombreuses manœuvres frauduleuses et autres entraves dressées par d’autres opportunistes étrangers sans foi ni loi sur le chemin de l’export.
Ces opportunistes, a-t-il souligné, accaparent une grosse part de la production algérienne de dattes pour la réexporter vers d’autres nations sous l’étiquette de leur propre pays. «Une escroquerie au détriment du marché algérien, mais de bonne guerre», a indiqué un participant qui plaint plutôt notre manque de vigilance, conséquence de la désorganisation avérée de nos structures chargées des exportations.
Pour éviter tous les écueils et s’initier aux méandres du professionnalisme dans le domaine de l’exportation, un consortium sera incessamment mis sur pied, autour duquel vont se regrouper des coopératives de producteurs de cette denrée alimentaire et qui vont travailler en liaison directe avec le consortium en charge de protéger non seulement leurs exportations en toute sécurité, mais aussi pour que l’Algérie (classée aujourd’hui 10e) puisse retrouver son premier rang, sa place réelle parmi les premières nations exportatrices de dattes.
Le même intervenant a présenté à l’assistance des échantillons de produits finis ramenés et fabriqués à base de dattes dans des usines de Chine, de Turquie et de France, en l’occurrence du miel, du chocolat fourré de dattes, des confiseries et autres produits finis de consommation. «L’Ansej pourra financer ce type de projet au profit des jeunes», a-t-il martelé.
Mohamed Laïd Benamor a, à son tour, mis l’accent sur la maîtrise de cet ambitieux programme des exportations et sur la cohésion qui devrait s’imposer entre exportateurs et les autres filières tels l’agriculture, l’industrie et le commerce, a-t-il déclaré. L’administration publique est-elle en mesure d’accompagner les professionnels algériens au vu de certaines lourdeurs bureaucratiques qui la caractérisent ? Oui, «si la cohésion et la coordination entre professionnels s’imposeront, l’administration ne pourra que suivre le processus», a-t-il déclaré avec optimisme.
Aussi bien le wali de Béchar qui a annoncé aux participants à cette rencontre que toutes les facilités seront accordées aux agriculteurs intéressés par la filière de l’exportation que le PDG de la BADR qui n’a pas manqué lui aussi d’inviter les opérateurs engagés dans ce processus à prendre attache avec la banque pour toutes informations liées aux facilitations prévues par la loi à travers les crédits «Défi» et «Rfig», en annonçant au passage la création prochaine des annexes Badr à Taghit et Kenadsa.
Mais la réforme projetée dans le volet des lois sur les exportations doit également tenir compte des outils de travail jusqu’ici insuffisants mis à la disposition des chambres de commerce et d’industrie, comme c’est le cas de la chambre de Béchar dont les locaux situés au 5e étage d’un immeuble d’habitation et qui sont exigus et inappropriés pour remplir une mission d’accompagnement et de sensibilisation des investisseurs. La rencontre de Béchar entre opérateurs économiques et professionnels du métier des dix régions du Sud productrices des dattes est-elle annonciatrice d’un déclic pour amorcer un nouveau tournant vers les exportations hors hydrocarbures ?
Source: M. Nadjah, El Watan