Le système traditionnel d’irrigation de ksar Boukais, un patrimoine séculaire, a su être préservé par les habitants de cette localité (50 km au nord-ouest de Béchar) et est toujours en exploitation. Constitué d’un réseau de seguias (canaux), ce système collecte les eaux en provenance de plusieurs sources avant de les stocker dans un grand bassin connu sous l’appellation de "Madjen". Le Madjen de Boukais, ayant une surface de 450 m2 et une hauteur de 1,60 mètre, permet, une fois plein, un partage équitable du précieux liquide entre agriculteurs et ce, par un simple compromis entre les concernés se basant sur le principe de la priorité et la nouba (tour). Cette technique de partage de l’eau a permis la conservation de ce système depuis des siècles.
D'après les explications fournies par M. Redwane Bekhada, chercheur en patrimoine hydraulique à l’université de Bechar, ce système d'irrigation comprend la Kharrouba, à savoir une unité de mesure utilisée pour évaluer les parts d’eau. Elle autorise la plus simple part d’eau et sa période de débit est de 35 minutes, par oui-dire des bénéficiaires.
La Kharrouba, une horloge solaire qui sert à mesurer le temps d’écoulement de l’eau pour la gestion des parts, fonctionne depuis des siècles et se présente sous forme d’une arcade de 2,20 mètres de hauteur sur un mur érigé sur sept mètres de hauteur. Elle est localisée dans un espace commun du ksar de Boukais dénommé "Nouaday", a-t-il ajouté. La hauteur du mur où est installée la Kharrouba reçoit l’ombre et la projette sur des ponctuations repères par des portions de pierres creusées dans le sol. Le début ou la fin d’une part s’exécute par le déplacement de l’ombre d’un repère à un autre et une personne désignée par les habitants procède à l’exécution de l’opération de distribution des parts de chacun.
La situation, l’orientation et même les dimensions de ce mur avec son arcade sont restés préservés, du fait que sa position est très bien calculée par rapport aux trajectoires du soleil, selon les différentes saisons, a précisé M. Redwane Bekhada. La préservation de ce système par les habitants, devenue avec e temps une curiosité touristique du ksar de Boukais dont la fondation remonte à plus de 15 siècles, facilite la connaissance d’un pan de l’histoire des systèmes traditionnels d’irrigation et de distribution de l’eau dans le Sud-Ouest du pays.
Source: El Moujahid.