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Grande vallée façonnée par l’Oued portant le même nom, la Saoura est l’une des régions les plus attrayantes du sud algérien. Elle est limitée au Nord par les Monts des Ksour et le Haut Atlas marocain, à l’ouest par la Hamada du Draa, à l’est par les oasis du Tidikelt et au sud par le plateau du Tanezrouft. Un décor fait de paysages lunaires de la Hamada du Guir contrastés à l’autre rive par les splendides dunes dorées du grand Erg Occidental. Entre ces deux ensembles féeriques s’incrustent, tels les joyaux d’un collier, palmeraies et ksour le long du lit des Oueds.

 

  

 

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 16:02

Au fil des jours, la foule devient plus imposante. La quête du lien affectif se raffermit au contact de cette expression diwane, qui, la nuit venue, plonge entièrement dans l’aire du stade En Nasr de la ville de Béchar. 
 
Une immersion dans une sorte de communion poético-spirituelle entre public et troupes participant à la 5e édition du Festival de la musique diwane. La fascination opère tous les soirs, et avec les mêmes ardeurs et dispositions d’esprit. Indéniablement, le guembri a un pouvoir magique, comme le dira si bien Azzedine Ben Yacoub, un fervent adepte du chant incantatoire, une valeur sûre de la recherche académique en direction du genre gnaoui. En ouverture de cette cinquième soirée, la danse «touba» fait un retour triomphal sur scène grâce au doigté du maâlem (l’initié) de la troupe Blel Bouhadjar de la wilaya de Aïn Témouchent. La généalogie du diwane est revisitée avec respect et intelligence par les disciples de Sidi Bouhadjar et Sidi Saïd.

Les sonorités métalliques des crotales en forme de huit (les fameux karkabous) autorisent les introductions aux champs sacrés en réhabilitant, de fort belle manière, les voix aiguës des interprètes. Des chorégraphies lumineuses se mettent en place avec un mode opératoire précis, les couleurs sont vives. Les couplets mystiques et soupirs élégiaques alternent avec bonheur avec des pas de danse empruntés à d’anciens mythes. L’enchantement est immédiat. La fête du gnaoui est en marche. Elle s’ouvre sur le religieux pour se poursuivre à travers des formules puisées du patrimoine vocal, gestuel et symbolique de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb. El Hadj Brahim, ou si vous préférez Ammi Brahim (l’oncle Brahim), du haut de ses quatre-vingt ans, initie sur scène son petit-fils aux arcanes de l’art gnaoui. Il lui indique les premiers pas à suivre et lui offre les premières clés, capables de l’aider plus tard à poursuivre l’aventure mystico-musicale de l’aïeul. Geste d’amour et idéal de continuation définissent les geste du père fondateur de la troupe «Diwane Debdaba». La graine est semée. La semence est généreuse.

 

Le vent du sud


A son tour, l’orchestre traditionnel de l’ensemble «Nesmette El Janoub» participe à l’initiation. Profondément attachés à l’héritage spirituel, les éléments de cette troupe estiment que la refondation se doit d’abord d’être exprimée par la consolidation de ce qui existe, de l’acquis, maintenant qu’il faut à tout prix préserver face aux appétits sans limites des porteurs d’images, qui ne se reconnaissent dans aucune frontière, ni aucune morale, si ce n’est celle de la globalité. En son sein, tous les âges sont représentés. L’effet tresse est garanti, le lien ne sera pas rompu. Les rites, mythes et croyances sont réexprimés, avec force et élégance, à l’endroit des ancêtres. Les figures de la représentation sont stylisées dans leur connivence avec l’esprit gnaoui, et les traditions qui le caractérisent le perpétuent.

Partageant les mêmes influences, les musiciens interprètes, jeunes en grande majorité, rappellent de vieux contenus de la chanson locale. Très souvent, ils demeurent fidèles aux invariants qui nourrissent leur imaginaire, irriguent leurs instruments, régularisent les rythmes qui les bercent. Ils arrivent à convaincre, et surtout à émouvoir. Leurs performances vocales et physiques, authentiquement colorées, imposent à tous et à toutes (une bonne partie du public est constituée de femmes) une adhésion sincère. Les corps bougent, des bras s’agitent, la transe est dans les airs, elle arriva à instaurer son cadre mystique, ses signes distinctifs et ses symboles identitaires. Un rapport inextinguible s’établit entre les producteurs du spectacle inspiré par le temps et les mystères qui s’y accolent, et le spectateur ébloui par ces lectures fantastiques et fantasmatiques que prodigue l’imaginaire humain.

De part et d’autre, l’attention n’est jamais relâchée. Cette complicité de tous les instants réaffirme une conviction, réitère un engagement, donne une saveur ajoutée à la prestation publique. Chaque partie a foi en l’autre et c’est ce qui fait la valeur singulière de cette manifestation artistique, une manifestation entièrement consacrée aux disciples du «Bordj», totalement vouée à l’épanouissement de talents capables de poursuivre l’aventure que Ammi Brahim, du haut de ses quatre-vingts ans, continue de servir avec abnégation.              
   
 

Source: B. Benachour, El Watan.
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