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Grande vallée façonnée par l’Oued portant le même nom, la Saoura est l’une des régions les plus attrayantes du sud algérien. Elle est limitée au Nord par les Monts des Ksour et le Haut Atlas marocain, à l’ouest par la Hamada du Draa, à l’est par les oasis du Tidikelt et au sud par le plateau du Tanezrouft. Un décor fait de paysages lunaires de la Hamada du Guir contrastés à l’autre rive par les splendides dunes dorées du grand Erg Occidental. Entre ces deux ensembles féeriques s’incrustent, tels les joyaux d’un collier, palmeraies et ksour le long du lit des Oueds.

 

  

 

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9 juillet 2008 3 09 /07 /juillet /2008 18:29
«De toutes les confréries religieuses musulmanes qui se sont trouvées en contact avec les autorités françaises sur la frontière algéro-marocaine, la plus importante sans contredit, est celle de Sidi El Hadj M'hamed ben Bou Zian, connue sous le nom de confrérie des Ziyania».

Le fondateur de cette zaouïa, le cheikh susdit, est né à TAGHIT probablement vers 1062 h / 1651, dans le Ksar de Barrbi, au « pays » dit des « BENI GOUMI » dont sa mère était issue. Donc, comme le fait si bien remarquer A. MOUSSAOUI dans sa thèse citée supra (p.38), notre saint n'est pas originaire du DRAA comme se plaisent à le noter beaucoup d'auteurs mais bien de Kénadsa où vivait toute sa famille. Il perdit sa mère très jeune.

Son père s'étant remarié, sa marâtre ne fut pas tendre pour lui. Il mena une enfance difficile et solitaire. En fait, peu de temps après la mort de sa mère, il perdit aussi son père. Il ne pouvait certainement plus vivre avec sa marâtre.

Aussi, à peine pubère, il ira au ksar de ses ancêtres, c'est-à-dire à La'wina qui deviendra plus tard Kénadsa sous sa méchiakha (c'est-à-dire sous sa direction en tant que cheikh de sa propre zaouïa).

La tradition nous dit que « poussé par un appel mystérieux, il quitta son pays pour aller apprendre le Coran et s'adonner à l'étude ». Un de ses oncles paternels lui donna un peu d'argent pour le voyage en monnaie de l'époque (quelques mouzounat rachidia). Muni d'un maigre viatique, il partit pour le Tafilalet, plus exactement à Sijimassa, qui était à ce moment un brillant centre culturel. Là, il se retirera auprès d'un cheikh (maître) de grande réputation, qui l'accueillit et le protégea. Il s'agit du cheikh SIDI EMBAREK BEN AZZI.

Auprès de celui-ci, le jeune M'hammed étudiera le Coran et toutes « les sciences » enseignées dans la médersa de son maître. Il ne tarda pas à devenir un brillant savant et un exégète hors pair du Saint Coran. La tradition nous dit encore qu'à ce niveau, il ne tardera pas à « obtenir l'illumination divine en même temps qu'il acquérait de solides connaissances dans les sciences religieuses et mystiques». Puis il s'établira dans un des ksour de Sijilmassa, le ksar des Oulad Berdala « où il vécut de charité car sa famille ne lui envoyait absolument rien pour subvenir à ses besoins ». Sa manière de vivre, sa frugalité, son habillement (il était déjà en plein dans la tourmente du mysticisme soufi), sa dévotion, son ascétisme ont fait de lui le disciple préféré du Cheikh Sidi MBAREK BEN AZZI. Au crépuscule de sa vie, le vénérable cheikh MBAREK fera des recommandations à sa famille et à ses disciples, pour qu'à sa mort, ses dernières ablutions et sa sépulture soient confiées à Sidi M'hamed. Par ces recommandations importantes, tout le monde aura compris que l'héritage spirituel de Sidi MBAREK BEN AZZI revenait désormais à Sidi M'hamed Ben Bouziane et, qu'à ce titre, l'élu possédait déjà ipso facto le sirr (le secret mystique) de son maître. Sidi MBAREK BEN AZZI appartenait à la Tariqa Ech-chadhoulia (voie mystique de Ech-chadhouli) : selon ladite tariqa, le sirr s'est transmis selon une chaîne précise et dans l'ordre chronologique, de l'Ange Gabriel au Prophète (QSSL), à Ali ben Abi Taleb, à Hassen El Basri, ainsi de suite. Dans cette selsela (chaîne), Sidi MBAREK était le 36ème cheikh. En transmettant le sirr à son disciple Sidi M'hamed B. BOUZIANE, celui-ci devient donc le 37ème cheikh de la chaîne.

Sidi MBAREK BEN AZZI étant mort, Sidi M'HAMMED B. ABI ZIYAN va accomplir sa mission funèbre à la lettre et même un peu plus. Après avoir lavé le corps du mort nous dit-on, il l'ensevelit lui-même dans le linceul. Après quoi, il but une partie de l'eau qui a servi à laver le corps du maître : ceci « pour imprégner sa propre chair des vertus de la baraka de la chair du défunt, comme le « sirr » de celui-ci avait imprégné son âme ». Puis, suivant les recommandations du disparu, il partit pour Fez afin d'approfondir son savoir religieux. C'est ainsi qu'il va se retrouver à la Medersa de Sidi MESBAH. Il fréquentera également la célèbre université des Qaraouiyine. Il recevra les enseignements des grands maîtres de son temps. Il va acquérir l'estime de tout le monde et se faire beaucoup d'amis parmi les enseignants les plus prestigieux. Avec certains d'entre eux, il gardera, pendant longtemps, des relations épistolaires assidues. Mais, dans ses rapports au quotidien, il aimait fréquenter surtout les humbles avec qui il lisait le Saint Coran et s'adonnait au dikr (les prières des soufis). Mais la ville bourgeoise de Fez ne correspondait pas à l'humilité du saint homme, d'autant plus que, nous disent ses hagiographes, « ses miracles et sa réputation qui ne finissaient de se propager, commençaient à faire ombrage au prince régnant à Fez, qui le lui fera sentir. Alors commencera pour lui une série de désagréables infortunes qu'il aura du mal à vivre. On l'accusa notamment de magie ». Aussi, décida-il de rentrer chez lui, à « La'wina » (la future Kénadsa).

Au pays de ses parents, sa réputation de saint homme l'avait déjà précédée. « Ce fut à ce moment que Dieu lui permit d'atteindre l'état suprême des Soufis. Les gens arrivèrent en foule de toutes parts, « de l'Orient et de l'Occident » pour solliciter sa bénédiction et ses bienfaits. Dans ces circonstances, il eut l'occasion d'accomplir de nombreux prodiges et ne tarda pas à être considéré comme un des personnages les plus considérables de son époque. Sa réputation de « pôle des Soufis » (qotb) était bien établie chez ses contemporains... » (A. COUR cf. supra).

Il se maria avec Lalla Oum Koultoum qui fut, pour lui, non seulement l'épouse idoine, ce modèle de vertu et de droiture, mais aussi son principal second dans l'entreprise de mise en place de la nouvelle institution : la zaouïa. Cette femme, avec qui il vécut vingt-cinq ans environ, lui donnera quatre garçons et cinq filles. L'établissement se consolidait. Sur le plan urbanistique, le ksar originel de l'oasis, la casbah, va connaître un prolongement dans le sens Ouest - Est. En effet, en continuation de cette casbah, Sidi M'hamed va construire sa propre mosquée, sa maison et sa « Khaloua », la demeure où il se livra à ses retraites spirituelles en solitaire. Désormais, l'ensemble des activités de la zaouïa va s'opérer dans cette zone, au détriment de celle constituée par la vieille mosquée de Sid El Hadj, un de ses ancêtres. Cependant, il prendra soin de rénover cette vieille mosquée qui sera la mosquée de la prière du Vendredi, le Jamaa el atiq. Néanmoins, tout le « mouvement urbanistique » du ksar va s'effectuer à partir de la nouvelle mosquée. Le ksar s'agrandit inexorablement. Il y aura un afflux de nouveaux habitants. Ces derniers vont être désignés par le vocable de « L'ffaga » c'est-à-dire « les gens d'en haut » pour ceux qui habitent la zone la plus ancienne, vont être appelés « T'hata » (les gens d'en bas). Les extensions urbanistiques et architecturales successives et spontanées vont se faire dans le sens indiqué précédemment et ce, en parallèle à la falaise de la « barga », mais dont le noyau central demeurera la nouvelle mosquée de la zaouïa naissante. Donc, aux maisons des familles kénadsiennes de vieille souches (d'en bas et d'en haut) viendront « s'accoler » les maisons des nouveaux venus que les kénadsiens « d'origine » appelleront humoristiquement et un peu par dérision les « béni malmoum » (les gens qui se sont assemblés, sous-entendu « autour d'eux »).

DE LA SAINTETE

Ne devient pas « un saint » qui veut. Selon la tradition, l'homme éligible à la sainteté doit posséder des prédispositions et des qualités supérieures, exceptionnelles et manifestes qui le différencient de ses congénères. Ces prédispositions se manifesteraient très tôt dans la vie du saint et ce, par des signes extérieurs prémonitoires remarquables dans le comportement et dans l'intelligence de l'homme, des qualités analogues à celles des prophètes. D'aucuns ajouteraient d'autres vertus, aptitudes et valeurs que seuls les soufis savent développer. Bien évidemment, le milieu d'extraction du saint, souvent nobiliaire et une ascendance qui le ferait remonter jusqu'au Prophète (QSSL) est un plus dans l'illumination de son aura qui associerait « Le Sharaf et la Sainteté ». Celle-ci ne se révélerait pas uniquement par la science ésotérique et exotérique (ilm el baatine oua ilm ed-dhahir) de l'homme, son ascétisme, les bienfaits et la baraka qu'il répand autour de lui, mais par les prodiges et autres miracles dont il se rend capable devant des difficultés exigeant une solution urgente, voire, face à des épreuves périlleuses. La vie de Sidi M'hamed aurait été jalonnée de ses prodiges, nous disent ses bio-hagiographes. Nous pourrions citer ceux des plus saillants que les dits hagiographes se plaisent à souligner. Ainsi, par exemple, pour la période où le saint était encore étudiant à Fez, pauvre et désargenté, il aurait fait couler à partir de son calame (plume de roseau) de l'huile pour l'éclairage et qui servait aussi à payer ses études: il fut accusé de magie (voir supra). Mais c'est à Kénadsa, après l'établissement de sa zaouïa où affluaient des foules de pieux visiteurs que les miracles du saint homme vont se multiplier. A. COUR nous donne une série de ces miracles page 374 et suivantes de la Revue du Monde musulman de novembre 1910, faisant référence au fameux manuscrit de « Taharat Al Anfas ouel Arrouah Al Djesmania fi ettariqa azziyania Ach-chadhoulia» : La purification des esprits et des pensées charnelles dans la voie de la confrérie des Ziyania-Ach-chadhoulia. Ainsi, notre saint aurait guéri un cul-de-jatte venu en ziara (quête de bienfaits et de bénédictions) auprès de lui. Il rendit l'ouïe à un sourd et fit parler un muet. Cela rappelle beaucoup les vertus prophétiques. Sidi M'Hammed aurait été souverainement puissant surtout contre les pillards, les bandits et autres coupeurs de route.

A. MOUSSAOUI qui abonde dans ce sens, nous dit, rappelant les écrits hagiographiques : « Sa puissance s'est surtout manifestée dans la réparation des torts. Depuis son lointain ksar saharien, il a veillé sur tous ceux qui l'ont imploré. Qu'ils soient en route vers la zaouïa ou établis à Kénadsa et ses alentours; qu'ils soient à Tlemcen, Fès, Meknès ou même du Caire, d'Espagne ou de La Mecque, BEN BOUZIYAN était là auprès d'eux quand ils l'invoquaient...

Les distances importaient peu à ce saint qui pouvait faire traverser à son disciple Abdallah At-Twaty, la distance du Caire à la Mecque en une heure ou faire voyager un autre disciple, Alhadj Ali El Qortobi, de Tlemcen à la Mecque, de Médine au Caire ou d'une Île vers Kénadsa en un moins de temps qu'il faut pour le dire. Tous ses miracles montrent le saint comme un souverain, dominant un espace où il fait la pluie et le beau temps, au sens propre comme au figuré ». (Thèse précitée p. 44).

Evidemment, nous sommes en plein dans l'extraordinaire. Quand bien même que ce don d'ubiquité qui permet à notre saint d'être partout en même temps, ici et ailleurs, à des distances inimaginables, en train de secourir des caravaniers en danger de mort, ou de faire traverser des distances époustouflantes « entre l'Occident et l'Orient » à des pèlerins en difficulté, ne relèverait que de la légende, force est de constater que cette puissance dissuasive prodigieuse avait doté la zaouïa de Kénadsa d'un pouvoir fabuleux qui assurera la protection de la ville et des caravanes. C'est ce qui assoira pour longtemps la réputation de la puissante institution politico-religieuse.

A telle enseigne que les chroniqueurs coloniaux vont qualifier cette zaouïa de: «Compagnie d'Assurance de Voyages».

En fait, ce serait plus que cela : nous assistons à la naissance d'un véritable «petit Etat» qui va faire date et dont ses puissants voisins vont en tenir compte et le solliciter dans leurs affaires.

A. COUR. Revue du Monde Musulman. 4ème ANNEE Novembre 1910. N° 10 Sur le mot « sirr » qui peut être traduit aussi par « dons mystiques » cf. IBN KHALDOUN, Prolégomènes III. A. COUR Revue du Monde musulman 4ème ANNEE 1910 NOVEMBRE N° 11 Il aurait fait couler de l'huile de son calame (plume de roseau).
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